Après l'hébergement de sites web/pages persos, d'images (pour les forums et le marketing viral), de blogs, voici les hébergeurs de vidéos... Ils s'appellent YouTube, Google Video, DailyMotion, Revver et veulent devenir les services incontournables de demain...

Le principe est simple : proposer aux internautes de stocker leurs vidéos amateur ou amusantes en ligne, car ces fichiers sont souvent trop gros pour être acheminés par email. Au lieu de recevoir le fichier entier, les destinataires reçoivent un simple lien vers une page web avec la vidéo, lisible directement dans le navigateur web, évitant ainsi d'encombrer leur disque dur et leur boîte aux lettres, souvent de taille limitée.

Autre usage, cela permet de partager des vidéos avec d'autres internautes, en les associant à des mots-clé (des tags), vu qu'elles sont librement consultables : l'avènement de la vidéo, stade ultime de la communication de l'Homo Sapiens Sapiens 2.0, et la terre promise du marketing viral.

Durant de quelques secondes à une dizaine de minues, on y trouve toutes sortes de clips : de la gamine de 8 ans qui chante du Britney Spears en karaoké devant sa webcam, au fait-divers filmé sur un téléphone portable, en passant par les exploits de pilotes en herbe transgressant les interdits, ou aux vidéo-gags dignes de l'émission du même nom.

La cible est un public jeune : la génération de 10-20 ans actuelle très friande de vidéos "sensations", et les 20-35 ans qui délaissent le petit écran au profit du surf Internet.

Pour éviter que le contenu circule "off-line" sans passer par leurs sites (par email ou transporté sur une clé USB par exemple), les fichiers ne sont pas directement accessibles à l'utilisateur : ces sites encodent les vidéos et celles-ci ne peuvent être lues que via une applet Flash propre au site, au lieu d'être disponibles au téléchargement.

Comme d'habitude, ces mesures de protection s'avèrent inefficaces face aux internautes initiés, qui s'activent à développer des scripts (VideoDownloader) et des sites (KeepVid) permettant de récuperer ce contenu sur son disque dur. La seule voie serait de développer des formats propriétaires de vidéo ou d'y mettre des DRMs (vous savez, le truc qui fait peur à tout le monde sauf aux majors), mais cela nuirait à la compatibilité et à la facilité d'usage.

Est-ce viable de brider les internautes avides de profiter où et quand ils le souhaitent de ce que d'autres internautes partagent gracieusement (et qui n'appartient pas donc pas aux sites) ? N'oublions pas que les services d'intermédiaire et de mise en relation, sans véritable ajout de valeur, ne doivent leur succès qu'à la fréquentation du public. A essayer de contraindre ou de brider le public, le risque est de l'éloigner, et voir fondre sa valeur en même temps que son audience.

Google se démarque de ses concurrents en offrant la possibilité de télécharger les vidéos si l'auteur le permet (et même une possibilité de DRMs ?). Les autres n'ont toujours pas compris que nous sommes des foules sentimentales (c) Souchon... (méfions-nous quand meme de Google sur le long-terme, ils ne sont surement pas philantropes !).

Côté business, le nerf de la guerre, ces acteurs restent encore à la recherche de modèles économiques réellement viables :

  • Google ne joue pas que sur ce marché, et reste donc fidèle à son modèle global d'indexeur/concentrateur de contenu, et essaie de le compléter en se positionnant comme diffuseur (payant) sur Internet pour des contenus commerciaux (conférences, publicités en-ligne, films, archives, etc). En s'appuyant sur leur architecture massivement répartie et à très forte capacité, ils assurent une qualité optimale quelque soit le nombre d'internautes connectés. Serait-ce le début d'une concurrence à Akamaï sur le marché des CDNs ?

Ce modèle lui confère une bonne avance en terme de notoriété, en proposant à travers son portail du contenu légal de partenaires qui se lancent dans la VoD, comme par exemple pour la France, l'INA, Arte, Vodeo, CanalPlay ou Allocine.

  • YouTube se cherche encore un peu, et tatonne entre un modèle payant pour la diffusion de vidéos, comme Google, et la sacro-sainte vache à lait qu'est la publicité (l'affichage de pop-ups est dépassé, mais précéder la lecture des vidéos par une vidéo de pub de 15s, c'est dans l'air)...
  • les autres grenouillent aussi autour de la publicité, peut être avec l'espoir d'un rachat entre-temps ?

Donc wait & see, nous saurons dans une dizaine de mois qui aura su tirer son épingle du jeu, etre réorientations d'activité, concentrations, rachats par des géants de l'industrie Internet ou du contenu (AOL, ...) ... Qui a dit que la net-économie était morte ?

Les principaux services :