Cela fait maintenant 6 jours que le trafic Internet de Wanadoo Orange est fortement perturbé en Martinique et en Guadeloupe. Depuis Jeudi 12 Octobre, le débit est 3 à 5 fois plus faible que d'habitude*, et le réseau est extrêmement instable** (latence, perte de paquets).

La cause, un problème de transmission sur le câble Americas-II. Selon Alexandre Vincent (journal de 13h sur RCI le 17/10/06), Directeur Régional de France Telecom, un premier problème de fibre optique s'est posé à St-Croix la semaine dernière, et une fois réparé, un autre incident a été découvert sur les équipements terrestres (peu de précisions, des routeurs ou peut-être des équipements optiques type ADM) là-bas. La réparation a été retardée car il y aurait eu des complications pour intervenir sur le sol américain (NDR : des problèmes de passeport ? ;-)). M.Vincent indique que des techniciens sont à pied d'oeuvre et que tout devrait revenir à la normale dans la soirée du 17.

Le problème touche les sorties Internet de Wanadoo Orange, via OpenTransit, la filiale de transit Internet du groupe FT, et impacte indifféremment les clients particuliers et professionnels. Bizarrement Apparemment les autres opérateurs utilisant le câble Americas-II pour aller chercher leurs sorties Internet directement à Miami ou à Paris (ie sans acheter de transit Internet à OpenTransit), comme Outremer Telecom, XTS ou Mediaserv, ne semblent pas impactés. Difficile de savoir si Netcaraïbes, client OpenTransit, est impacté. (Merci de confirmer ou d'infirmer, si vous êtes clients de ces opérateurs !).
Je ne connais pas la situation en Guyane Française, mais plusieurs opérateurs au Guyana semblent aussi impactés, comme Internet Works & Tel's Net le signalent sur leurs pages d'incidents : incidents Internet Works, alerte GT&T chez Tel's Net. Renater aussi semble impacté, ils ont un incident ouvert.)

(MAJ : Internet Works indique maintenant que la situation ne sera pas rétablie avant jeudi 19 selon FT.)

Depuis une semaine, les particuliers et les professionnels subissent donc les conséquences de ce ralentissement : qualité VoIP médiocre (quand les appels passent), VPNs vers des partenaires ou fournisseurs en métropole inopérants, sites web difficilement accessibles. Quel est l'impact économique d'une telle panne ? (M.Marajo, si vous lisez, ce serait chiffrable ? ;-))
A l'heure où on nous parle de dématérialisation, de e-commerce et d'Usages nouveaux, la condition préalable est de disposer de réseaux fiables et redondants. En mettant tous ses oeufs dans le même panier, et en laissant un acteur dominer le marché, c'est tout le territoire qui est exposé en cas de panne ! En 2004, une coupure d'Americas-II avait isolé la Guyane pendant 10 jours, plus de communications données, seules les communications téléphoniques étaient acheminées via satellite (). Le Conseil Régional Martinique n'y avait certainement pas pensé, pour tarder autant à signer l'extension du câble Guadeloupe Numérique. Bon j'arrête la mon mauvais esprit, l'essentiel est que cela soit signé maintenant.

Mon propos est que ce nouveau câble peut apporter une véritable redondance à nos territoires, à condition que les opérateurs privilégient la qualité de service aux utilisateurs et utilisent des capacités sur les deux câbles, ou qu'un accord soit passé entre GCN et France Telecom pour secourir un câble sur l'autre.

De même tant qu'à formuler des voeux (j-65 de Noël !), ce serait bien qu'il y ait enfin un point d'échange local sur chaque île afin que le trafic entre les opérateurs ne se balade pas inutilement jusqu'à Miami ou Paris avant de revenir. La démarche initiée par Renater en 2004 n'a pas (encore ?) abouti, ce qui n'a l'air de gêner personne. Les opérateurs gardent leurs oeillères et continuent à chasser les clients sans se dire qu'ils voudront communiquer en vidéo sans se soucier de savoir chez qui l'interlocuteur est connecté. Peut-être espèrent-ils un jour avoir suffisamment de poids pour pouvoir facturer l'accès à leurs réseaux aux autres opérateurs ?

Il est vraiment temps de dépasser les divergences politiques & économiques si on veut que les infrastructures soient au niveau des ambitions de développement portées par nos décideurs, politiques & économiques. Le sens de l'intérêt général doit prédominer. Y-a-t'il des lobbies publics suffisament efficaces pour orienter les choses dans ce sens ?


* : sur une ligne ADSL à 512 Kbits/s, on atteint 12 Ko/s (soit 96 Kbits/s) maximum, au lieu des 45-50 Ko/s habituels
** : pour vous faire une idée, regardez les mesures de Novazur, qui montre le temps mis pour joindre Miami depuis une liaison ADSL en Martinique.